Forme virtuelle de l'exposition organisée du du 9 février au 7 mars 2009 à la Bibliothèque Ulm-Lettres, salle historique, à l'occasion de la publication aux Editions Rue d'Ulm du tome IV de l'Ecole normale de l'An III : Leçons d'analyse de l'entendement, art de la parole, littérature, morale – sous la direction de Béatrice Didier et Jean Dhombres
L'exposition de la salle historique a été réalisée par Françoise Dauphragne, l'exposition virtuelle par Estelle Boeuf-Belilita.
« Régénérer l'entendement humain » : la création de l'école, le recrutement, les séances
Rapport sur l'établissement des écoles normales ; par Lakanal. Séance du 2 brumaire, l'an III de la République, [Paris, 1794 ?] Exemplaire incomplet. - Relié avec le t. I des Séances des écoles normales, 1795 S G ip 29 C (1) 8° |
« La Convention nationale, voulant accélérer l 'époque où elle pourra faire répandre d'une manière uniforme dans toute la République l'instruction nécessaire à des citoyens français, décrète : Art. 1. Il sera établi à Paris une école normale où seront appelés de toutes les parties de la République des citoyens déjà instruits dans les sciences utiles pour apprendre, sous les professeurs les plus habiles dans tous les genres, l'art d'enseigner ».
L'Arrêté est signé par Lakanal et Deleyre. Le volume ne contient pas le programme des cours de Thouin et de Bernardin de Saint-Pierre, qui devaient être publiés à part. Programme général des cours des écoles normales, A Paris, le 1er pluviôse an IIIe. de la République, [20 janvier 1795] S G ip 29 B 8°, titre de départ | ||
« Tridi et octidi : ... 3° Morale, Bernardin St-Pierre. Quartidi et nonidi : 1° Art de la parole, Sicard 2° Analyse de l'entendement, Garat 3° Littérature, Laharpe » Séances des écoles normales... Tome premier, A Paris, chez L. Reynier, [1795] S G ip 29 A 8°, p. 14 |
« Les leçons, les débats et conférences (...) seront recueillis dans un journal sténographique ; ce journal sera distribué aux membres de la Convention nationale, aux professeurs, et aux élèves des Ecoles normales ; il sera envoyé aux administrations de district de la République, et à ses ministres, consuls et agens en pays étrangers ».
Les Séances, divisées en Leçons et en Débats et d'abord éditées comme périodique, ont connu plusieurs rééditions entre 1795 et 1808.
Trois éditions sont conservées à la Bibliothèque des Lettres de l'ENS.
- Séances des écoles normales recueillies par des sténographes et revues par les professeurs. Première partie. Leçons, A Paris, chez L. Reynier, [1795]
S G ip 29 C 8° (6 vol.) et S G ip 29 A 8° (vol. 1)
- Séances des écoles normales recueillies par des sténographes et revues par les professeurs. Nouvelle édition, Paris, A l'imprimerie du Cercle-social, 1800-1801. - 13 vol.
S G ip 29 D 8° et S G ip 608 8°
- Cours de sciences et arts, par des professeurs célèbres... Édition, revue par MM. les professeurs. Paris. Chez Testu,... 1808. - 14 vol.
S G ip 29 8° : L'exemplaire porte le plus ancien cachet de la Bibliothèque de l'Ecole normale : cachet à l'aigle (utilisé à partir de 1811).
Les leçons littéraires
Dominique-Joseph Garat (1749-1833)
Homme politique et avocat, député du bailliage d'Ustaritz aux États Généraux, Garat succède à Danton au ministère de la Justice (1792) et à ce titre notifie à Louis XVI la sentence de mort, il est ensuite nommé ministre de l'Intérieur (1793). Disciple de Condorcet et brillant orateur, Garat joue avec Lakanal un rôle déterminant dans la création de l'École normale où il est chargé du cours d'analyse de l'entendement (1794). Ambassadeur à Naples sous le Directoire, puis sénateur (1799), il est membre du Conseil des Cinq-Cents, puis des Anciens. Sous la Restauration, il devient membre de l'Académie des sciences morales et politiques (1832).
Les débats qui suivent les cours des professeurs donnent lieu à des discussions animées. Ainsi, l'échange est très vif entre Garat et Saint-Martin, lors de la controverse qui les oppose le 9 ventôse (27 février 1795). Séances des écoles normales... Débats. Tome 3. Paris, A l'imprimerie du Cercle-Social, 1801. S G ip 29 D (13) 8°, p. 5 et S G ip 608 (13) 8°, p. 16-17 | ||
Garat obtient pour la première fois en 1779 le prix de l'éloquence de l'Académie française pour son Eloge de Suger. Il en sera trois fois lauréats. Eloge de Suger, abbé de Saint-Denis, ministre d'Etat, et régent du royaume, sous le règne de Louis le jeune. A Paris, chez Demonville, 1779. H F ca 1 8° |
Roch-Ambroise Cucurron Sicard (1742-1822)
Instituteur des sourds-muets à Bordeaux, l'abbé Sicard est nommé à la direction de l'école de Paris en 1791, devenue institution nationale, il succède ainsi à l'abbé de l'Épée qui l'avait formé à cet enseignement. En l'an III, il est chargé du cours de grammaire à l'École normale. Menacé de déportation au 18 fructidor, il se cache pendant deux ans avant de retrouver sous le Consulat ses fonctions à l'institution des sourds-muets. Il est élu membre de l'Académie française en 1803. Portrait de Sicard gravé sur cuivre par C. E. Gaucher, d'après le dessin de Joseph Jauffret (frontispice du Cours d'instruction d'un sourd-muet, Paris, an VIII) S G ip 59 A 8° | ||
« La parole, considérée comme un un art ». Rejetant les grammaires existantes, Sicard propose « une grammaire d'idées, une grammaire philosophique ». Séances des écoles normales... T. 1. Paris, A l'imprimerie du Cercle-Social, 1801 S G ip 29 D (1) 8°, p. 115 | ||
2e leçon, 7 pluviôse (26 janvier 1795): Il illustre ses leçons de démonstrations faites avec des muets. Pédagogue d'une grande originalité, il présente une méthode d'apprentissage des connaissances pour les sourds-muets par la théorie des signes. Séances des écoles normales... T. 1. Paris, A l'imprimerie du Cercle-Social, 1801 S G ip 608 (1) 8°, p. 244 | ||
S G ip 59 A 8° L'édition est accompagnée de planches (dont un alphabet) |
Jean-François de La Harpe (1739-1803)
Poète, auteur dramatique et critique littéraire au Mercure de France, La Harpe est élu membre de l'Académie française en 1776 grâce à l'appui de Voltaire. Professeur de littérature au Lycée, il est chargé des cours de littérature à l'École normale de l'an III. Proscrit sous le Directoire (1797), il se consacre à la rédaction des Cours de littérature ancienne et moderne, oeuvre marquante de l'histoire littéraire. Portrait de La Harpe gravé par Mécou d'après le dessin de Chasselat : (frontispice du Lycée, t. I, A Paris chez H. Agasse, 1813) L H cr 52 (1) 12° | ||
Séances des écoles normales... Tome 5. A Paris, chez L. Reynier, [1795] S G ip 29 C (5) 8°, p. 162 | ||
Séances des écoles normales... Tome 4. A Paris, chez L. Reynier, [1795] S G ip 29 C (4) 8°, p. 201 | ||
Les Cours de littérature, principal ouvrage de La Harpe, rassemblent en 8 volumes les leçons qu'il a données au Lycée pendant douze ans de 1786 à 1797. Ce monument de critique littéraire fera l'objet de nombreuses éditions, qui témoignent de la portée de son auteur depuis la parution des premiers volumes en 1799. |
Henri Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814)
Après une vie de voyages en Europe et un séjour de deux ans à l'Ile-de-France (actuelle Ile Maurice), Bernardin de Saint-Pierre commence une carrière d'écrivain et se lie d'amitié avec Jean-Jacques Rousseau. Intendant du Jardin des Plantes et du cabinet d'histoire naturelle en 1791, il est nommé professeur de morale à l'École normale en 1794. Il est élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1795, et membre de l'Académie française en 1803. Portrait de Bernardin de Saint-Pierre gravé par J.T. Wedgwood d'après Anne-Louis Girodet (frontispice des Oeuvres, Paris, 1836) L F pol 9 A 4° | ||
Chargé de la « composition des éléments de morale républicaine pour l'école normale », Bernardin de Saint-Pierre commença ses leçons trois mois après les autres professeurs. Seul le programme du cours de morale a été publié dans les Séances. Le texte des leçons, professées durant tout le mois de floréal, juste avant la fermeture de l'École le 30 floréal (19 mai 1795), n'a pas été édité. Séances des écoles normales... Tome 1. Paris, 1808. S G ip 29 (1) 8°, p. 112-113 |
La publication des Etudes de la nature rendit Bernardin de Saint-Pierre célèbre. Il gagna encore en notoriété avec la parution de Paul et Virginie dans la 3e édition des Etudes en 1788.
Frontispice et titre du vol. 1 |